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REGISTRES DU BUREAU
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quie, et dessus ung dez tendu, de riche valleur, soubz lequel estoit posée la chaire pour seoir Sa Majesté, couverte d'ung riche lappis de velours pers, tout semé de fleurs de lis d'or traict'1). Ledict eschaffault ayant deux escalliers aux deux costez, l'un servant à monter et l'autre à descendre, pour evitter la presse. Toutesfois, lors de lad. entrée, fut sa chaize tournée du costé de Sainct Denys en France, ce qui fut changé et rabillé, à l'entrée de la Royne, comme il sera dict cy après.
Sy tost que Sa Majesté y fut arrivée, commance-rent à marcher au devant les quatre'2' Ordres men-diennes, qui sont les Cordeliers, Carmes, Augustins et Jacobins, et après eulx toutes les autres eglises et parroisses d'icelle, vesluz dc leurs surplis, marchans tous à pied, en ordre de devotion et humilité.
L'Université de Paris suivoit après a pied, avec bon nombre d'hommes de chacune des Facultez d'icelle, asscavoir des Artz, Medecine, Decret et Theo­logie, accompaignez des Lecteurs du Roy, tant en lettres hébraïques, grecques, latines, mathématiques, que aultres parties de Philosophie, vestuz de leurs Chappes et habitz accoustumez, suiviz du Recteur, portant robbe d'escarlatte et chapperon de menu verd, ayant ses douze bedeaulx devant luy, portans masses d'argent doré. Après lequel estoient les procu­reurs et messaigers des nations, qui estoit une belle chose à voir, veu le grand nombre d'hommes doctes en toutes langues et sciences, remarquez en ceste compaignie, sans que les longues guerres qui ont esté en ce Royaulme ayent diminué le cours d'icelle Université, la plus celebre et florissante du monde.
Ceulx là passez, vint le Corps de la Ville, en l'ordre et equippaige qui s'ensuict: c'est à sçavoir de dix huict cens hommes de pied,choisizet esleuz de tous les mestiers d'icelle'3', conduictz par leurs cappi­taines, lieutenans et enseignes, dont furent faictz trois bandes, avant garde, bataille et arriere garde,
tous habillez des coulleurs du Roy '4), mais d'une telle ordonnance et si bonne façon que l'on pouvoit discerner chacune bande, l'une blanche, l'aultre grize et l'autre rouge. Car ceulx de l'avant garde avoient les chausses et pourpoinetz blancs, chamarrez et bandez de veloux rouge, l'escharpe de taffetas gris; ceulx de la bataille, les chausses et pourpoinct de gris, bandez et chamarrez de veloux rouge, l'escharpe de taffetas blanc ; ceulx de l'arriére garde, les chausses et pourpoinct rouges, chamarrez et bandez de ve­loux blanc, l'escharpe de taffetas blanc; et chacune bande de six cens hommes, soubz deux cappitaines, deux lieutenans et deux enseignes, ayans tous mo­rions gravez et dorez, quant aux harquebuziers; et quant aux picquiers,tous armez de corseletz et bour­guignottes'5', la pluspart gravez et dorez, accompai­gnez de fiffres et tabourins en bon nombre, mar-chantz sept à sept et tenantz si bien leurs rengs qu'il n'estoit possible de mieulx.
Ceste compagnie passant par devant Sa Majesté, la salua d'une escoppetterie sy bien faicte qu'elle mons­tra en recepvoir grand contentement, d'aultant plus qu'elle les cogneut tous vraiz hommes de guerre, ex­périmentez el bien adroiclz au maniement des arines, et dignes de luy faire ung bon service, si l'occasion s'i presentoit.
Après eulx venoient les cent harquebuziers à che­val, ayans trois trompettes devant eux, vestuz de leurs hocquetons'6) d'orfeverye, aux devises dudict seigneur et armes de lad. Ville, le bas duquel esloit tout couvert et enrichy.de broderye; marchant trois à trois, après leur cornette, soubz leurs cappitaine, lieutenant, et enseigne guydon, portans tous la longue harquebuze à l'arçon de Ia selle, le feu en la main et ayantz tous manches de maille et leurs sayes, de leurs coulleurs: ordinaires.
Cest avant garde, bataille et arriere garde à pied passée, venoyent après les menuz officiers de ladicte
(1) Le passage qui suit, jusqu'à la fin de l'alinéa tt. . . comme ii sera dict cy après- manque daus l'imprimé. W - Quatre n manque dans B.
(-l A l'entrée de Henri II, leur nombre fut plus considérable et la relation, en ce qui les concerne plus détaillée, nomme tous los corps de métiers qui y figurèrent, avec le nombre d'hommes de chacun. (Tome III de cette collection, p. 164.)
(4)   Les couleurs du Roi étaient ordinairement le blanc, le bleu et l'incarnat. Voir sur ce point les Armoiries de la Ville de Paris, tome I, pages 294 (note 1)01297.
(5)   La bourguignotte était le casque des piquiers, comme le morion celui des arquebusiers.
(-> Le hoqueton était uno sorte de pourpoint militaire rembourré de colon. La saie que l'on mettait par-dessus était un habit d'une forme large et carrée. (Douët d'Arcq, Revue archéologique, i. \, 2' partie, p. 53o, note 4.)